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Assomption
Publié le 11 août 2023

Assomption 2023
Anniversaire de l’arrivée des Acadiens en Poitou

 

 

Nous sommes rassemblés pour deux motifs, l’un religieux avant tout, la fête de l’Assomption de la Vierge Marie, l’autre historique, l’arrivée des Acadiens dans le Poitou, le grand dérangement. Cependant, ces deux événements ne sont pas sans rapport l’un avec l’autre. Les acadiens étaient animés par une foi catholique forte, volontaire. Ceci a continué à marquer durablement la Province de Québec, jusqu’à la « révolution tranquille » des années 1960. M’étant rendu dans la belle province il y a quelques années, j’avais été frappé de constater combien l’Eglise catholique avait été présente très fortement dans les villes et les villages. Ainsi, longtemps, le 1er propriétaire des terres à Montréal fut la compagnie des prêtres de Saint Sulpice.

 

Lors de l’arrivée des acadiens, les poitevins furent marqués par leur foi, leur engagement, leur volonté. On comprend aussi que ceci fut forgé et développé du fait des migrations choisies et imposées. Ceci demeure aujourd’hui, les migrants qui viennent en Europe, sont souvent les plus volontaires, les plus capables de leurs pays. On le comprend, pour affronter les risques et les dangers de la traversée de pays à risque, et aussi des mers, la Méditerranée, la Manche, il faut beaucoup de résolution. Le fait d’être exposé à l’épreuve affermit le caractère, la personnalité. Cependant, on ne peut souhaiter à personne de connaître des difficultés dans sa vie. Arrivés dans le Poitou, après avoir été contraints de quitter leurs terres et leurs maisons, on ne leur donna pas les meilleures terres, plutôt des landes qu’ils durent travailler pour essayer d’en tirer quelque chose ! Pour pouvoir exprimer leur foi, on sait que l’évêque de Poitiers, Beaupoil de Saint-Aulaire, voulu leur donner l’église abbatiale de l’abbaye de l’Etoile, ceci ne put se faire.

Aujourd’hui encore, nous avons dû trouver accueil dans l’église des Filles de la Croix, auxquelles nous sommes très reconnaissants. Cependant, l’abbaye de l’Etoile demeure liée aux acadiens. Il y a quelques années, j’avais eu la joie d’y célébrer avec vous cette messe du 15 août. On peut espérer, souhaiter, que le beau patrimoine de l’Etoile bénéficie d’une meilleure prise en charge de nos autorités. Heureusement, l’association ne manque pas d’engagement et de volonté.

Oui, ce 15 août, conjugue l’histoire et la religion. Faut-il s’en étonner ?
La foi, le christianisme, ne se vit pas en dehors des réalités du monde et de l’humanité. Notre manière de croire, de vivre la foi est liée à nos conditions concrètes de vie, ce fut le cas pour les acadiens à la fin du XVIIIe siècle.

L’Assomption de Marie est un événement en quelque sorte cosmique ; le texte de l’Apocalypse de saint Jean exprime quelque chose de cela. Autrement dit, ce qui survient à l’une d’entre nous, annonce et anticipe ce qui doit nous arriver à tous. Oui, notre vocation, notre destin, c’est de pleinement participer à la vie de Jésus ressuscité, c’est d’entrer dans la vie éternelle. Bien entendu, Marie, la Vierge, la Mère du Sauveur, est unique ; elle a été choisie et appelée par Dieu, dans sa conception, sa naissance, son annonciation, et aujourd’hui son assomption. Elle a aussi été préservée de tout péché.

Pourtant, Marie n’est pas en dehors de l’humanité ; elle est une femme parmi les autres femmes ; et son absence de péché n’est pas un manque, une privation d’une part d’humanité. Tout au contraire, elle dit l’humanité telle que Dieu la veut : le péché n’ajoute rien à un homme ou une femme, il nous blesse plutôt, il handicape notre vie, nos capacités à une vie bonne. Alors, oui, l’Assomption de Marie est un événement cosmique, parce qu’elle touche l’univers entier, annonce sa destinée : vivre dans la communion de Dieu.

Prémisse de l’humanité, le Vierge Marie ne peut être revendiquée par personne, par aucun groupe, par aucune nation, elle est pour le bien de tous. En même temps, vous savez que notre pays, la France, a choisi Marie, Notre-Dame de l’Assomption, comme sa sainte-patronne. Mais il ne s’agit pas de mettre la main sur Marie, de la garder pour soi, mais plutôt, nous, les Français, de nous confier à elle, de lui confier aussi notre pays.

Vous voyez, Marie n’est pas la propriété de la France, elle est pour tous. C’est un enseignement que je reçois. Spontanément, chacun de nous a tendance à envisager sa vie, le monde, la société, à partir de sa fenêtre, de son jardin, du lieu où il vit.C’est assez naturel. Mais, comme Marie est pour tous, la France n’est pas une île séparée du reste du monde. Nous appartenons à des générations qui devenons de plus en plus conscientes de cela.

La crise écologique, le changement climatique, est mondiale. Or, parfois, c’est un peu comme si nous l’oubliions. On ne peut pas faire comme si chacun pouvait chercher à résoudre ses propres problèmes, sans se préoccuper de ceux des autres ; nous sommes tous dans le même bateau. Parfois, on laisse penser que les causes des problèmes, ce serait telle personne, tel groupe. Ceci n’est pas nouveau, l’expulsion des acadiens relève de quelque chose de cet ordre : pour aller mieux, il faut que ceci se fasse sans tels autres. Ceci est d’hier, mais cette manière de penser peut encore se manifester aujourd’hui. Pourtant, qui peut, de manière réaliste, penser que cela pourrait aller mieux ici, alors qu’ailleurs les choses iraient de mal en pis ? Cependant, chaque pays est particulier, son histoire est unique ; ceci est également vrai pour son histoire religieuse. Notre manière de vivre notre relation avec Dieu, la foi, la prière, est marquée par la culture française.

Parfois, on ne s’en rend pas compte, mais il suffit d’aller à l’étranger pour le constater, et les étrangers qui viennent chez nous le découvrent, aussi les prêtres étrangers, qui sont nombreux au service de l’Evangile, chez nous. Des milliers de jeunes l’ont expérimenté lors des JMJ il y a quelques jours à Lisbonne. Pendant presque deux semaines, ils ont découvert l’Eglise, au-delà de leur groupe, de leur paroisse, de leur pays La même foi, le même Dieu, mais confessé, célébré, perçu dans des expressions si diverses.

Chacun doit faire ce chemin qui fait découvrir le « Dieu plus grand », plus grand que celui que je connais déjà, plus grand que celui qui m’a été révélé, enseigné, par les personnes et les groupes qui en ont été des témoins pour moi. Le Dieu plus grand, mais aussi l’Eglise plus grande, l’Eglise plus diverse et complexe que mon groupe, ma paroisse, ma communauté. Le croisement de populations aux histoires diverses ne se fait pas sans frottements, interrogations, inquiétudes ; ainsi sans doute quand les acadiens arrivèrent dans le Poitou. Pourtant, c’est l’histoire de l’humanité et des peuples depuis tant et tant de siècles. Nous n’aurons jamais terminé d’apprendre à nous connaître, et même d’apprendre à nous aimer !

 

 Homélie de Mgr Pascal Wintzer – Assomption 2023

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