Sélectionner une page
Vitraux de l’église de Curzay/Vonne

A la découverte des vitraux de l’église
Saint-Martin

Curzay-sur-Vonne – Paroisse Sainte-Florence-en-Poitou

10km de Lusignan – 28km de Poitiers – 55km de Niort

Par Monique Béraud*

Ce village proche de Lusignan est connu pour son musée du vitrail installé dans la partie non cultuelle de l’église Saint-Martin. Au début du XXe siècle, l’édifice à nef unique, ancienne chapelle castrale du XVe siècle, s’avérait trop petit pour la population du village. En 1923, un don de Mélanie Duval de Curzay, sœur du Vicomte de Curzay permet de débuter les travaux en bâtissant un chœur et un transept qui restent inachevés. Le musée occupe cet espace aménagé en 1988.

La nouvelle structure insuffle une belle dynamique pour la création contemporaine régionale : c’est ainsi que le projet de changer les verrières du XIXe s. de l’église classée M.H. en 1925, voit le jour, dans le cadre d’une commande publique soutenue par les élus, la D.R.A.C.

Des vitraux contemporains

En 2010, le choix de la commande, pour les sept baies de l’édifice, se porte sur un Français, Pierre Buraglio né en 1939. Il s’agit d’un cycle complet qui allait changer la perception des voûtes gothiques en modifiant la préperception de la lumière dans l’église. C’est une chance rare de pouvoir répondre librement à un tel projet quand on sait son importance symbolique : au XIIIe siècle, les grandes baies des cathédrales manifestent que « Dieu est lumière » (1 Jean 1-5).

L’artiste a déjà réalisé des vitraux pour la chapelle Saint-Symphorien de l’église Saint-Germain des-Prés à Paris, ceux de la chapelle de l’hôpital Bretonneau à Paris, et dans l’oratoire du carmel de Lisieux en 2004. De culture chrétienne, il comprend les enjeux de l’art sacré du XXe siècle et le défi d’exprimer le spirituel et le transcendant du mystère.

Le choix de l’abstrait pour les verrières monochromes d’un seul tenant, de deux mètres de haut, sans aucun plomb ni barlotière constitue un tour de force technique de l’atelier parisien Duchemin qui a veillé à assurer la cohésion de la structure grâce à un feuilletage, procédé de doublage au revers du verre coloré par une seconde surface vitrée extérieure qui leur garantit protection et solidité. Les vitraux peints au jaune d’argent d’un geste large vibrent dans la lumière : un discret sablage côté extérieur atténue l’excès de luminosité. Une atmosphère chaude baigne la nef même en l’absence du soleil.

La Chapelle Mariale

La chapelle mariale du bras nord se pare d’un vitrail bleu monochrome interrompu par une raie médiane blanche qui laisse passer la lumière. Comment ne pas évoquer la fresque de célèbre Vierge enceinte de Pierro de la Franscesca vers 1460 dont la fente de la robe laisse entrevoir la grossesse ?

 

Le vitrail de Saint Martin

L’église est dédiée à saint Martin : le vitrail nord du chœur évoque sa vie par des dessins noir et vert numérotés sur fond beige. Sous son nom, sont évoqués six des principaux moments de sa vie :

 

I. une épée coupée d’un trait, pour son abandon du métier des armes dans l’armée romaine
II. le manteau coupé, dont il revêt le pauvre d’Amiens
III. (en bas à droite) : le miracle de la parole redonnée à un muet
IV. des chaînes brisées : il délivre un prisonnier
V. deux yeux, pour la vue qu’il redonne à un aveugle
VI. un bâton, celui du marcheur des missions dans les campagnes​ 

Grâce aux créateurs contemporains, cet art millénaire du vitrail a encore quelque chose à nous dire : il permet un nouveau regard sur des églises médiévales, une expérience esthétique au service le l’intériorité…

*

Après des études d’histoire et d’histoire de l’art à Poitiers, Monique Béraud est devenue guide-conférencière des Pays d’Art et d’Histoire dans cette ville en 1989. En parallèle, elle a enseigné l’histoire et le patrimoine, en particulier dans les sections de BTS Tourisme de l’ensemble scolaire Isaac-de-l’Étoile de Poitiers.

Elle vient de publier Rando – Poitiers (7 balades à pied & à vélo)