A Pâques, la paroisse Saint-Pierre Saint-Paul à Niort aura la chance de vivre les baptêmes par immersion, dans un baptistère fabriqué à cette intention par des artisans locaux.
Rendez-vous à Saint Hilaire !
Mais pourquoi baptiser par immersion ?
Le P. Yves-Marie BLANCHARD nous explique ici le sens de cette démarche.
Avant de s’appliquer au premier sacrement chrétien, le verbe « baptiser » et le nom « baptême » désignent le fait de se plonger dans une eau vive (un fleuve, un lac, une cascade), avec évidemment le risque de se noyer. Ainsi pratiqué dans de nombreuses religions, le rite d’immersion peut revêtir plusieurs sens : purification, renaissance, passage vers une autre forme de vie. À l’époque de Jésus, le baptême est pratiqué par certains groupes juifs, dans la région du Jourdain, ainsi qu’en témoigne la figure de Jean-Baptiste, mentionné dans les quatre évangiles. Il s’agit alors d’un geste de pénitence, signifiant le pardon des péchés et l’entrée en Terre promise pour des personnes tenues en marge du judaïsme d’alors. Le souvenir reste vif du passage du Jourdain, sous la conduite de Josué, le successeur de Moïse.
Or, Jésus a lui-même annoncé sa propre mort comme un engloutissement – litt. : un baptême – lui donnant de « mourir » avec les pécheurs pour les faire renaître ou « ressusciter » à la vie même de Dieu. Aussi les premiers chrétiens eurent-ils recours au geste du baptême, afin de signifier le « plongeon » avec le Christ dans les eaux de la mort, pour revivre avec lui dans la pleine lumière de Dieu. Les baptistères édifiés dans l’Antiquité (notamment à Poitiers, l’un des plus anciens qui aient été conservés) se présentent sous la forme d’une cuve profonde, traversée d’une eau courante, afin de rappeler l’eau vive, promise par Jésus à la Samaritaine. Le catéchumène descend dans la cuve baptismale et se laisser immerger, en trois temps, sous la main du célébrant qui proclame : « Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». C’est-à-dire : Te voici plongé dans l’être même de Dieu, mort au péché, donc ressuscité à la vie de Dieu. Le nouveau chrétien remonte alors de la cuve baptismale, pour être marqué de l’huile sainte (consécration et don de l’Esprit Saint), avant de faire son entrée dans l’assemblée réunie pour l’eucharistie, célébration de la mort et résurrection de Jésus. Il est à noter que souvent les baptistères de l’Antiquité sont orientés : la descente se fait à l’Ouest (côté de la nuit), tandis que la remontée à lieu du côté de l’Est, vers le Christ vivant, lumière du monde jaillie au beau matin de Pâques.
Pour des raisons pratiques (multiplication des baptêmes, y compris des petits enfants, en toutes saisons et de multiples lieux), le baptême par immersion a peu à peu disparu de l’Occident chrétien. Toutefois, il revient en usage de nos jours, en des occasions exceptionnelles, voire à demande des familles, dans le cas du baptême des petits enfants. La valeur du sacrement est exactement la même, malgré la discrétion du geste, réduit à n’être qu’une triple effusion d’eau accompagnant l’invocation du Père et du Fils et du Saint Esprit.
En tout cas, c’est une chance – ou plutôt une grâce – d’être baptisé(e) par immersion, en plein cœur de la célébration pascale !