Dans les églises particulières, c’est-à-dire les diocèses, le Dicastère pour l’évangélisation (c’est-à-dire le service administratif qui règle un certain nombre de questions liées à la liturgie), a décliné assez clairement la proposition : « le signe particulier de l’ouverture solennelle de l’Année jubilaire est le pèlerinage avec l’entrée processionnelle de l’Église diocésaine, derrière la croix, dans la cathédrale où le pasteur du diocèse exerce son magistère, préside les mystères divins, la liturgie de louange et de supplication, et conduit la communauté ecclé-siale. » Le dicastère précise ensuite : « La procession se déroule en trois étapes : la collectio (ou « rassemblement ») dans une église proche ou dans un autre lieu approprié ; le pèlerinage ; l’entrée dans la cathédrale. »

C’est l’église Saint-Jean de Montierneuf à Poitiers qui a été retenue, d’une part parce que c’est une église suffisamment grande pour accueillir une partie du peuple diocésain, d’autre part, parce que c’est une très belle église, dont l’histoire est ancrée dans l’équilibre avec le service des pauvres ; autre raison : la possibilité d’un vrai pèlerinage jusqu’à la cathédrale (un peu plus d’un kilomètre) ; enfin, de manière pragmatique, Montierneuf a l’avantage d’être encore accessible au public !

« Le pèlerin a toujours un but, même si parfois il n’en est pas explicitement conscient. Et ce but n’est autre que la rencontre avec Dieu à travers le Christ, en qui toutes nos aspirations trouvent une réponse. » (Benoît XVI)

Ainsi, que ce soit à Rome, dans l’une des basiliques jubilaires, à la cathédrale diocésaine ou en tout autre endroit désigné comme église jubilaire, le pèlerinage offre une possibilité très simple de prendre du temps pour soi et pour Dieu.

« L’église cathédrale est celle où est placée la cathèdre ; le siège de l’évêque, signe du magistère et du pouvoir du pasteur de l’Eglise particulière, signe aussi de l’unité des croyants dans la foi qu’annonce l’évêque en tant que pasteur de son troupeau. Il faut voir dans la cathédrale une figure de l’Eglise visible du qui, ici bas, fait monter vers Dieu sa supplication, sa louange et son adoration ; une image de ce corps mystique dont les membres sont rassemblés par la charité, laquelle se nourrit de la grâce ». Voilà comment le Cérémonial des évêques présente la cathédrale, nous pas surplombant les paroisses du diocèse mais comme lieu majeur de la communion de l’Eglise particulière, c’est-à-dire du diocèse.

Venir à la cathédrale en pèlerinage permet de resserrer des liens entre frères et sœurs diocésains, particulièrement en ces temps où les catéchumènes affluent. A Poitiers, un itinéraire catéchuménal est proposé à l’intérieur de la cathédrale Saint-Pierre, dans le cadre de l’année jubilaire.

Le jubilé de 2025 s’ouvrira comme tous les précédents par l’ouverture des portes saintes des basiliques majeures de la ville de Rome et dans tous les sanctuaires de pèlerinages du monde entier. En revanche, pour les diocèses, c’est la croix qui devient le signe de cette Année Sainte, c’est elle qui éclairera notre chemin pour « les Pèlerins d’Espérances » de chacune de nos Églises Locales.

Les poitevins, au cours de leur histoire, sont devenus familiers du signe de la Croix.

En novembre 923, une relique de la vraie croix, sollicitée par sainte Radegonde auprès de l’empereur de Byzance, Justin II, arrive triomphalement dans la ville de Poitiers acclamée et vénérée à son passage par une foule innombrable de poitevins de tous âges et de toutes conditions. Des cantiques résonnent, composés par le poète Venance Fortunat, deux hymnes : le « Vexilla Regis » et « le Pange lingua gloriosi » le 4ème couplet du premier acclame : « Arbre étincelant de beauté Paré de la pourpre Royale » et au 9ème couplet du second : « (Bois) Toi qui fus teint du sang précieux qui a coulé du corps de l’Agneau ! » la relique est intronisée au monastère fondé par sainte Radegonde qui désormais s’appellera « Abbaye Sainte-Croix ». Cette précieuse relique y est conservée encore aujourd’hui.

Entre 1161 et 1173, Aliénor et Henri II, offrent à la Cathédrale de Poitiers, encore en construction, un vitrail qui éclaire désormais le chœur de la cathédrale. Le maître verrier s’inspire des images poétiques de Venance Fortunat. Il représente le crucifié cloué sur une croix revêtue de la « Pourpre royale », qui s’offre encore à nos regards. Ce vitrail est un trésor précieux aux yeux des poitevins puisqu’à chaque menace de guerre ils l’ont démonté délicatement pour le conserver en lieu sûr ! Que cette Année Sainte soit éclairée par le passage (La Pâque) du Christ dont ce vitrail est son enluminure ! Que notre chemin d’espérance en soit illuminé.

P. Jean-Luc Voillot

« L’indulgence, en effet, permet de découvrir à quel point la miséricorde de Dieu est illimitée. Ce n’est pas un hasard si, dans l’Antiquité, le terme « miséricorde » était interchangeable avec le terme « indulgence », précisément parce que celui-ci entend exprimer la plénitude du pardon de Dieu, qui ne connaît pas de limites. » (Pape François, L’espérance ne déçoit pas).

Cependant, l’indulgence jubilaire se caractérise par son caractère exceptionnel, puisqu’elle n’est concédée qu’à l’occasion des jubilés. Les « critères » de l’indulgence sont donnés par la Pénitencerie apostolique : l’indulgence jubilaire s’obtient par la communion, le sacrement de réconciliation et la prière aux intentions du Saint-Père. Autre possibilité : participer à une messe ou une célébration dans un lieu lié au Jubilé au cours d’un pèlerinage permettra de bénéficier de l’indulgence plénière. Enfin, « les fidèles pourront recevoir l’indulgence jubilaire en participant pieusement aux missions populaires, aux exercices spirituels, ou à des rencontres de formation sur les textes du Concile Vatican II et du Catéchisme de l’Église catholique ».