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Saint Hilaire 2022
Publié le 17 janvier 2022

Depuis quelques semaines nous apprenons à utiliser un nouveau missel, soyons précis, une nouvelle traduction du missel.
En effet, le missel que nous utilisons n’est pas nouveau, il est celui qui a été publié par Paul VI à la suite de la demande qu’en fit le concile Vatican II.
Une première traduction avait été réalisée à la fin des années 1960 ; mais, il était apparu que cette traduction n’était pas totalement satisfaisante, d’ailleurs quelle traduction peut-elle l’être, et même quel texte peut totalement satisfaire Je veux simplement souligner ici que Dieu est au-delà des mots, et pourtant, il n’y a que des mots pour le dire et pour lui parler.

 

Ainsi, depuis le 1er Dimanche de l’Avent, nous utilisons cette nouvelle traduction.
Elle a été faite sous la double injonction d’être fidèle, doublement fidèle, à la fois au texte original qui est en latin, et fidèle à la langue et à la culture françaises.
C’est un peu une gageure, et on peut, comment dirais-je, « s’amuser » à pointer ce qui est trop littéral au latin, ou bien ce qui donne trop de poids à la culture française.

 

Plus profondément, il s’agit, grâce à cette nouvelle traduction, d’entrer dans une nouvelle compréhension, une plus grande attention aux prières de la messe, moins de jouer au jeu des sept erreurs, cherchant à repérer ce qui a changé, ou bien ce qui me convient ou ne me convient pas.
Cependant, on peut penser que les mots de la liturgie sont difficiles, qu’ils sont éloignés de notre vie, qu’ils peinent à faire sens pour nous, aujourd’hui, en particulier pour de plus en plus de personnes qui ne sont guère familières avec la culture chrétienne, cette culture qui n’est plus le milieu naturel dans lequel nous baignons.

 

Devant ces interrogations, je voudrais dire plusieurs choses.
D’abord, au-delà des mots, et même de ceux de la messe, c’est toute expression, toute relation qui est difficile.
Qu’il est difficile de se comprendre, de se rencontrer.
Même lorsque l’on parle la même langue, même lorsqu’on est très proche par la vie, et donc aussi dans une même famille, combien nous peinons à nouer de vraies relations.
Ceci fait naître des souffrances, aussi des tensions, parfois de la colère.
Au risque de penser que c’est en parlant plus fort, en employant des mots violents voire grossiers que l’on se comprendrait davantage ; c’est bien entendu tout le contraire.

 

Les grandes figures de la foi chrétienne, ainsi saint Hilaire, comme d’ailleurs les grandes figures de l’ensemble de l’humanité, montrent que, sans cesse, il faut s’exercer à la patience, au travail rigoureux sur les mots, et surtout sur la compréhension de l’autre, des autres, pour rechercher la possibilité d’une rencontre.
Il ne faut pas rêver qu’il suffirait de trouver les bons mots pour supprimer tous les malentendus.
Ceci est au-delà des mots, mais, pourtant, passe par l’usage des mots.
Tout ceci concerne nos relations entre nous, mais aussi avec Dieu.
Ceci concerne les mots que nous essayons de nous dire, comme ceux qui nous disons à Dieu, et que nous disons de Dieu. Autrement dit la liturgie et aussi l’Ecriture Sainte.
Saint Hilaire a passé sa vie à chercher les mots justes, à commenter les mots de la Bible.
Il faut alors souligner qu’il serait illusoire de penser que les mots seraient en eux-mêmes, par eux-mêmes, totalement transparents à la réalité qu’ils expriment.
Les mots sont des signes, ils n’enferment pas le réel ni ne s’y identifient ; il y a et il y aura toujours un chemin, une distance, entre les signes et la réalité.

 

Aucun mot ne peut tout dire ni être totalement exact.
En toute chose.
Aussi dans la liturgie.
Pas plus que celle d’hier, la nouvelle traduction du missel ne peut correspondre à Dieu. D’ailleurs, il en est ainsi du texte original du missel qui est en latin.
On peut passer des heures, des jours, des années à rechercher le mot juste, il n’existe pas ; il faut cependant se garder des mots qui déforment le réel.

 

Saint Hilaire a cette parole : « Trêve de discussion de mots, la confession ferme d’une foi qui n’hésite plus me suffit ».
Les mots servent la foi, indiquent la juste direction pour parler de Dieu, pour le connaître, ils soutiennent ce qui compte vraiment, notre foi, c’est-à-dire l’engagement de toute la vie : « A qui irions-nous Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle ».
En cette fête de saint Hilaire, et du fait de cette nouvelle traduction du missel, on peut bien entendu souligner le changement intervenu dans le texte du symbole de Nicée et Constantinople.
Ceci concerne l’identité de Jésus Christ : il est « de même nature que le Père » disions-nous, il est « consubstantiel au Père » affirmons-nous désormais.
Là aussi, évitons les querelles de mots, ne pensons pas qu’un mot seul suffirait à dissiper toute question, ou bien serait totalement adéquat à Dieu lui-même.
Les « querelles de mots » ne sont le plus souvent que des moyens pour se distinguer des autres, pour se ranger dans le camp des purs, renvoyant les autres… à l’hérésie.
L’histoire des Eglises chrétiennes en montre trop d’exemples, ce n’est cependant pas que du passé.

 

Que l’on parle de nature ou de substance, ce qui compte c’est ce qui veut être exprimé de Dieu, mais aussi de nous, les êtres humains.
Et ceci est sans doute plus simple que les mots employés.
Dans ceci, à travers ces mots, nature, substance, il est question d’amour et de salut.
Dieu nous a aimés au point de venir nous rejoindre dans notre humanité, d’entrer en communion avec notre humanité.
Et, ainsi, Dieu nous sauve, tout simplement, il nous prend par la main, il nous enserre dans ses bras, il est avec nous contre les forces du mal, contre la mort.

 

Et cela, Dieu ne le fait pas par des discours, par des exhortations morales, il le fait lui-même, il se donne lui-même.
Jésus n’est pas un bel exemple, il est Dieu qui se montre tel il est.
Dans la vie de Jésus, nous comprenons qui est Dieu. Pas du tout un grand horloger, mais un Père qui souffre de la souffrance de celles et ceux qu’il a créés et qu’il aime.
Dieu est une personne, Dieu est amour, Dieu est compassion, Dieu est tendresse.

 

Se quereller sur les mots conduit au contraire à éloigner Dieu, à l’enfermer dans le discours, dans les mots. Mais aussi dans des gestes, des attitudes.
C’est ceci qui a conduit le pape François à restreindre l’usage du vetus ordo, de la messe dite de saint Pie V.
Fidélité à un rite, peut-être, mais aussi, surtout, plus certainement, une manière de se distinguer, de se séparer, de poser des signes de reconnaissance et d’affinité.
Prenons garde à ne pas tomber dans ces travers qui séparent, qui divisent ; toutes ces attitudes qui veulent affirmer, non d’abord une fidélité à Dieu mais ce que nous sommes, distinguer notre groupe, notre « chapelle ».

 

Dieu est venu, par Israël et en Jésus Christ, pour rassembler ce qui est séparé, aucunement pour isoler, séparer, enfermer.
Dieu s’est approché de l’humanité ; sans cesse et sans cesse gardons-nous de l’éloigner de nous, encore moins de l’éloigner des hommes et des femmes, nos frères et nos sœurs.
Oui, le Dieu de la Bible, le Dieu de Jésus Christ fait route à nos côtés, scandale pour les Juifs, folie pour les païens, mais, pour nous, il est le salut.

 

 

 

 

+ Pascal Wintzer
Archevêque de Poitiers

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