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Sacré-Coeur : homélie de Mgr Wintzer
Publié le 22 juin 2020

Voici l’homélie de Mgr Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers, lors de la célébration du 19 juin 2020 en la Cathédrale de Poitiers.

La pandémie et le confinement à quoi celle-ci a conduit sont des événements absolument inattendus, ils ont bouleversé nos manières de vivre et peut-être certains regards sur le sens de l’existence.
Une des conséquences a été la distance instaurée entre nous, une distance avant tout physique.Le  corps est devenu un danger potentiel, d’où les mesures d’hygiène, qui se poursuivent encore.
Pour certaines, il serait bon qu’elles perdurent, je pense au lavage des mains, même si le savon est préférable au fameux gel ; pour d’autres, on aspire à leur entière suppression, ici je pense aux masques. Ils contredisent nos habitudes sociales où le visage est si important.

Mais, ce qui a le plus manqué, c’est le corps, la relation au corps, au corps des autres, et je pense à ceux que l’on a protégés absolument et radicalement, tout spécialement les personnes âgées, dans les EHPAD et les hôpitaux, mais aussi, pour nous, chrétiens, le corps eucharistique auquel vous n’avez pas pu communier pendant deux mois.
Notre religion est celle de l’incarnation, de la présence, réelle, du Seigneur dans le sacrement de l’eucharistie, du corps des frères et des sœurs dans nos assemblées.

Dimanche, nous avons célébré le corps, le corps eucharistique, la fête du Saint Sacrement ; aujourd’hui, nous célébrons le cœur, le Sacré-Cœur de Jésus. Non pas un organe matériel, mais le foyer de l’amour qu’il nous porte et nous partage.
Ce cœur-là, le Sacré-Cœur, n’a donc rien de physique, de corporel, et pourtant il manifeste la personne de Jésus Christ.
Il a autant de réalité qu’en avait son corps physique, lorsqu’il naissait de Marie, marchait sur les routes de Galilée, mourrait sur la croix.

Célébrer à quelques jours d’intervalle le corps eucharistique du Seigneur et aujourd’hui son cœur manifeste la richesse de la réalité, celle de Jésus Christ, la nôtre pareillement.
On ne peut jamais opposer le corps et le cœur, le physique et le spirituel.
Dieu est tout entier en l’un et en l’autre ; chaque être humain, et même toute la création est pareillement l’un et l’autre.
La foi chrétienne, la vie en général, ne sont jamais sous le mode d’une alternative ; c’est la conjonction de coordination « et » qui dit la vérité de la foi. Là où nous choisissons, où nous excluons, nous risquons de tomber dans l’erreur.

« Prendre soin », réalité si importante pendant la pandémie, lorsque quelqu’un est malade, c’est le faire pour toute la personne, dans toutes ses dimensions, physique, morale, spirituelle… rien ne peut être mis de côté ou estimé de moindre importance.
J’ai pourtant le sentiment que l’on a tout fait pour s’occuper du corps, ce qui est bien, mais au risque de négliger les autres dimensions de l’humanité, le cœur, l’esprit, l’âme.

Pourtant, c’est vrai, selon qui nous sommes, notre éducation le plus souvent, chacun de nous peut être davantage inscrit dans telle ou telle dimension de sa vie. Il y a des cérébraux, il y a des manuels, ainsi de suite. Ayons conscience de cela, surtout pour ne pas risquer d’imaginer les autres pareils à qui nous sommes ; pour mesurer que telle chose qui ne manque pas à celui-ci peut gravement faire défaut à celui-là.
Et ceci marque également nos manières de prier ; untel supporte un dépouillement radical, tel autre vibre aux odeurs de l’encens et du chant grégorien. Un autre peut communier indifféremment sur la langue ou dans les mains, un autre estime que le vrai respect l’appelle à communier sur la langue ; il souffre donc de ne pouvoir le faire, j’espère pour la période la plus brève possible.

La fête du Sacré-Cœur appelle aussi à cela ; à ce regard de compréhension, de douceur, les uns sur les autres ; à toujours chercher à comprendre qu’un choix, une attitude, n’est pas une lubie, une étroitesse, mais exprime une intention droite et respectable. Parler du Cœur de Dieu, contempler le Cœur du Christ, c’est saisir ce qui le qualifie, c’est-à-dire les qualités qui sont les siennes ; nous les savons par l’Ecriture : il est doux et humble.

Oui, il s’agit de contempler ces qualités du Cœur du Christ, mais aussi les désirer pour nous, les demander, travailler à ce qu’elles s’inscrivent en nous. Nous, autrement dit, nous les chrétiens, nous les fidèles de cette assemblée. C’est l’appel de saint Jean : « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu ».

Il y a quelques semaines, le lisais une homélie de saint Pierre de Ravenne, saint Pierre Chrysologue, c’est-à-dire « parole d’or ». Voici quelques-uns de ses propos : « Dieu veut être aimé plus qu’il ne veut être craint. Dieu demande parce qu’il ne veut pas tellement être Seigneur qu’être Père. Dieu demande avec miséricorde pour ne pas exiger avec rigueur. »

C’est vrai, la douceur n’est pas également partagée. La violence, la colère, la rancœur peuvent habiter des vies ; pour des raisons qui souvent l’expliquent. Les inquiétudes du temps, les réseaux sociaux, la difficulté à se mettre à distance de soi-même, de ses émotions, accentuent toutes ces expressions de violence. Nous en sommes témoin, parfois, et je l’espère le moins souvent, auteurs également.

Pourtant, faisons tout pour ne pas nous laisser à cela. Le Seigneur a toujours refusé d’entrer dans le jeu des méchants, d’abord pour ne pas en être la victime, surtout parce qu’il sait que c’est la douceur qui désarme et convertit… même si cela peut demander beaucoup de temps. « Devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos ».

L’expérience collective de fragilité que nous avons traversée pendant deux mois pourrait nous inciter à plus de douceur, moins de jugement, plus d’indulgence, pour les autres avant tout, et nous-même s’il y en a besoin.
Dans une autre lecture récente, je trouvais ces réflexions d’Henri Perreyve. Henri Perreyve fut un théologien oratorien du milieu du XIXe siècle, libéral, mort prématurément à l’âge de 34 ans en 1865.
Voici ce qu’il écrivait à un de ses amis d’enfance ; je termine par ces mots.
« Sans doute Dieu a vu que tu n’avais pas souffert, j’entends sérieusement, longuement, avec ce cortège d’ennui, d’incertitude, de questions insolubles et sans fond qu’apporte une longue maladie. Or il est certain que ceci manque à un prêtre.
On est étonné soi-même, quand on a connu cet état de souffrance prolongé, de voir combien on y apprend de choses ; et non seulement à l’égard des souffrances physiques, mais même à l’égard des misères morales, des faiblesses, des défaillances.
On devient indulgent, compatissant, doux respectueux pour les souffrances des hommes, et l’on ne s’étonne plus de les voir si faibles, quand on se rappelle par quelles faiblesses et quels découragements soi-même on est passé »

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