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Nouvelle traduction du Missel romain
Publié le 28 octobre 2021

A quelques jours de la parution d’une nouvelle traduction du Missel Romain, vous retrouverez dans cet article une présentation de cet ouvrage par le Père Jean-Luc Voillot.

 

Comme vous avez pu le lire ou l’entendre, dans quelques semaines nous recevrons la nouvelle traduction du Missel Romain, et nous célébrerons avec celui-ci dès le 1er Dimanche de l’Avent 2021 !

 

Pourquoi nous propose-t-on une nouvelle traduction ?

Nous célébrions depuis cinquante ans avec le Missel promulgué par le Pape Paul VI le Jeudi Saint, 26 mars 1970 et traduit dès le 25 septembre 1970 sous forme de fascicules par La Commission Épiscopale Francophone pour les Traductions Liturgiques (Beaucoup de traductions des oraisons furent empruntées au Missel bilingue paru en 1964). Depuis lors, la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements a procédé à deux éditions typiques en 1975 (editio typica altera) et 2002 (editio typica tertia), chacune d’elles apportant de légères modifications et ajouts à l’édition de 1970. Le pape Benoît XVI édita un nouveau Supplementum à ce Missel appelé « Reimpressio emandata – editio typica tertia  ».

Au cours de ces cinquante années, deux Instructions de la Congrégation du culte divin et un motu proprio régissent les traductions des textes liturgiques. Nos éditions actuelles suivaient « l’Instruction sur la traduction des textes liturgiques pour la célébration avec le peuple », promulguée par la Congrégation du Culte divin et de la discipline des Sacrements le 25 janvier 1969. On redécouvrait alors l’usage de la langue vivante dans les textes liturgiques. Mais cette même congrégation, un an avant la parution de la troisième édition typique du Missel Romain (2002), promulguait le 28 mars 2001, « L’Instruction Liturgiam authenticam », sur L’usage des langues vernaculaires dans l’édition des livres de la liturgie romaine. Tout en soulignant le succès du renouveau liturgique promu par le Concile Vatican II, cette instruction invitait à remettre en chantier la traduction des livres liturgiques dont le Missel Romain. Cette instruction insistait, contrairement à la précédente, sur une plus grande fidélité au texte latin original :

« On doit prêter attention en premier lieu au principe suivant lequel la traduction des textes de la Liturgie romaine n’est pas une œuvre de créativité, mais qu’il s’agit plutôt de rendre de façon fidèle et exacte le texte original dans une langue vernaculaire. Même s’il est permis de recourir à des mots, de même qu’à la syntaxe et au style, qui peuvent produire un texte facile à comprendre dans la langue du peuple, et qui soit conforme à l’expression naturelle d’une telle langue, il est nécessaire que le texte original ou primitif soit, autant que possible, traduit intégralement et très précisément, c’est-à-dire sans omission ni ajout, par rapport au contenu, ni en introduisant des paraphrases ou des gloses ; il importe que toute adaptation au caractère propre et au génie des diverses langues vernaculaires soit réalisée sobrement et avec prudence (Liturgiam authenticam, art. 20) ».

Ce principe général a des accents différents de ceux de la précédente Instruction de 1969 ! La différence a été formulée de manière synthétique par le secrétaire de la Congrégation lors de la parution de Liturgiam Authenticam : « entre le texte à traduire et sa traduction, on est passé d’une équivalence dynamique (1969) à celui d’une équivalence formelle (2001). La commission épiscopale francophone pour les traductions liturgiques (CEFTL) se mit immédiatement au travail, confiant à deux commissions successives cette mise en œuvre (La 1ère de 2003 à 2007 et la seconde appelée « COMIRO » de 2007 à 2021). Une partie essentielle de ce « Nouveau Missel » est déjà parue et diffusée. Dès 2008, la « Présentation Générale du Missel Romain » (PGMR) traduite et approuvée paraissait, comme le premier fruit de cette œuvre de traduction, avec pour titre « L’art de célébrer la messe » (© Desclée-Mame, Paris, 2008). Cette édition permet de mettre en œuvre la célébration de l’eucharistie, elle mérite de tous les acteurs de nos liturgies une lecture approfondie.

Pourquoi ce travail a-t-il duré près de 20 ans ?

Ce fut un travail de très longue haleine. Reprendre chaque texte original latin et le traduire fidèlement dans une langue accessible : « il est permis de recourir à des mots, de même qu’à la syntaxe et au style, qui peuvent produire un texte facile à comprendre dans la langue du peuple, et qui soit conforme à l’expression naturelle d’une telle langue » (Cf. Liturgiam Authenticam 20). Ce travail est d’autant plus délicat que ce Missel est destiné à tous les pays francophones. (Chaque région utilise certaines variantes de vocabulaire, par exemple au Québec le terme « calice » est une injure !). Autres attentions : les textes étant destinés à la proclamation, il faut veiller à ces pièges « euphoniques » ! « O Dieu qui… » que l’on entend : « odieux » ! Il faut que le texte puisse être chanté ! Avant la reconnaissance romaine, chaque conférence épiscopale doit approuver par vote, chaque traduction. Les deux premiers scrutins permettent des propositions d’amendements. Au troisième scrutin l’approbation est définitive. Ces exigences et ces multiples « va et viens » entre les conférences et la CEFTL et de celle-ci à la Congrégation Romaine expliquent ce si long temps qui sépare la publication de l’édition typique du Missale Romanum (2002) et la publication en 2021 du Missel Romain en français. Mais une surprise attendait encore nos artisans traducteurs ! Alors que le travail touchait à sa fin, le pape François faisait paraître le 3 septembre 2017, un nouveau Motu proprio pour la traduction des textes liturgiques « Magnum Principium ». Ce décret du pape modifiait quelque peu les dispositions de « l’Instruction Liturgiam authenticam », émettant pour la traduction trois principes de fidélité au texte de l’Editio typica :

  1. fidélité au texte original,
  2. fidélité à la langue dans laquelle il est traduit
  3. fidélité à l’intelligence du texte prié par les destinataires.

Le pape demandait aux conférences épiscopales que l’on veille à « l’utilité et au bien des fidèles » de sorte que « soit transmis pleinement et fidèlement le sens du texte original et que les livres liturgiques traduits, même après les adaptations, reflètent toujours l’unité du Rite romain » (Magnum Principium). Ce décret attribue à ces mêmes Conférences Épiscopales le droit d’approuver les textes, tandis que le rôle de la Congrégation romaine du Culte consiste désormais d’une part à confirmer les textes approuvés par les évêques pour vérifier que rien n’a été omis ou manifestement mal traduit, et d’autre part, à approuver d’éventuelles adaptations.

La Commission se remit au travail, effectuant une nouvelle relecture pour rendre leur œuvre plus en harmonie aux trois principes énoncés par le pape. À l’issue de cette nouvelle relecture un vote d’approbation des évêques fut nécessaire, avant que la Congrégation du Culte Divin et de la discipline des Sacrements confirme l’approbation et permette ainsi l’impression du futur Missel Romain en langue Française.

Le fruit de ce travail de longue haleine sera donc bientôt à la disposition des communautés chrétiennes francophones qui prendront connaissance et découvriront certaines modifications dans les formules de l’ordinaire de la messe. Il ne s’agit en aucune manière d’une réforme du Missel romain, mais simplement d’une nouvelle traduction que nous serons invités à accueillir comme nous avons accueilli, le premier dimanche de l’Avent 2014, la nouvelle traduction des Lectionnaires, qui a fait suite à la Traduction officielle liturgique de la Bible.

Quels sont les changements ?

Dans l’ensemble, les changements ne sont pas considérables, en effet, malgré d’autres règles, la traduction de 1970 était globalement une bonne traduction ! Les changements apparaissent davantage dans les formules de l’ordinaire de la messe.

  • Rites d’ouverture :
    L’acte pénitentiel a quasiment été entièrement révisé pour les trois formules proposées.
    Les conclusions des oraisons sont celles du missel de 1964, avec le retour disgracieux du « vit et règne ». L’option française pour une fois était synthétique, « s’il règne, c’est qu’il est vivant ! »
  • Le credo :
    Dans le symbole de Nicée-Constantinople, le terme savant « consubstantiel », se substitue au « de même nature » que le Père.
    Le symbole des Apôtres est encore proposé, une rubrique soulignant qu’il a davantage sa place aux célébrations du Carême et de Pâques (lien avec le baptême).
  • La Préparation des dons : Les deux formules de présentation des dons, respectivement du pain et du vin, sont modifiées.
    L’ « Orate fratres » utilisé de 1964 à 1970 réapparait avec sa réponse, bien longue pour une assemblée ! L’actuel « Prions ensemble, au moment d’offrir … » devient une formule au choix « propre aux pays francophones ».
  • Les prières eucharistiques ont subi quelques corrections peu nombreuses.
    Les anamnèses sont corrigées et notre actuelle troisième devient une formule supplémentaire au choix…
  • Rite de communion
    L’embolisme qui suit le Notre Père, « Délivre-nous de tout mal… » est réécrit presque entièrement.
    La monition de communion est davantage fidèle à l’original latin !
    L’invitation « Heureux les invités aux repas des noces de l’Agneau ». Étant formulée après le « Voici l’Agneau de Dieu… » !
    L’enchainement de la réponse des communiants ne me semble pas pertinent.

On vient de les mettre en valeur « Heureux les invités… ». Le Christ « l’Agneau » n’est pas le locuteur de cette phrase, l’Agneau étant complément d’objet direct de « noces » (génitif). C’est donc bien le célébrant qui édicte cette béatitude ! Or, le fidèle « lui » répond : « Seigneur je ne suis pas digne… ».

Ce malaise avait déjà été ressenti par l’équipe de 1970, qui avait obtenu une « adaptation » à laquelle nous étions habitués !

  • Rite de Conclusion

Trois nouvelles monitions d’envoi, provenant du « supplément » promulgué par Benoît XVI en 2008, s’ajoutent à l’actuelle :

« Allez portez l’Évangile du Seigneur. »
« Allez en paix, glorifiez le Seigneur par votre vie.
« Allez en paix.

Bonne réception de cette nouvelle édition du Missel Romain qui renouvellera aussi notre art de célébrer !

 

1. Commission établie par la Congrégation pour le culte Divin et la Discipline des Sacrements. Elle est au service des conférences épiscopales qui utilisent la langue française dans la célébration de la Sainte Liturgie selon le rite romain.

2. Acronyme de « COmmission du MIssel ROmain »

 

 

 

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