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Le jeûne sacramentel en temps de carême
Publié le 31 mars 2020

Par Soeur Valérie Besin
Liturgie et sacrements

A chaque début de carême, nous sommes appelés à vivre le jeûne, la prière et le partage. Ici, il ne s’agit pas du jeûne sacramentel mais d’une privation de nourriture. Souvent ce jeûne est ouvert à la privation de quelque chose dont nous sommes dépendants. Chacun sait ce qui peut lui enlever de la liberté par un attachement excessif. Et c’est là que se trouve le jeûne. Evidemment, le jeûne sacramentel n’est pas du même ordre car il est exigé par la situation actuelle de confinement et de non-rassemblement nécessaire au ralentissement, voire à la non-propagation du virus.

1. Pour mieux comprendre ce jeûne sacramentel, un détour : le jeûne dans la Bible

Le jeûne amène ceux qui le vivent à se tourner vers le Seigneur dans une attitude d’abandon total, de dépendance, de prière.

Dans les Écritures, le jeûne est toujours accompagné de prière suppliante. Il se vit à plusieurs occasions :avant une tâche difficile,

  • pour recevoir la grâce nécessaire à l’accomplissement d’une mission,
  • pour implorer le pardon,
  • comme manière de prendre le deuil sur un malheur national,
  • pour obtenir la cessation d’une calamité,
  • pour s’ouvrir à la lumière divine, se préparer à la rencontre de Dieu…

Comme le danger de vivre le jeûne est de s’en glorifier (ostentation, orgueil, performance), Jésus demande de le vivre dans le secret. L’Église cherche par la pratique du jeûne à mettre les fidèles dans une attitude d’ouverture totale à la grâce du Seigneur en attendant son retour.

 Le jeûne amène ceux qui le vivent à prier pour les autres et donc à penser aux autres, à partager avec les autres.  

Le vrai jeûne pour Isaïe est lié à l’amour du prochain et à la recherche de la justice.

2. Le jeûne sacramentel

Dans les textes d’Église, le jeûne eucharistique correspond à l’heure qui précède l’eucharistie où l’on ne mange pas.

C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de parler de jeûne sacramentel. En fait, on n’a pas de mots pour cela, ce qui souligne que c’est une réalité exceptionnelle. Ou alors on parle de communion spirituelle, communion de désir. Et là, on insiste sur la communion et non sur le jeûne.

Dans l’eucharistie, trois communions sont vécues : la communion à la parole de Dieu, la communion au corps du Christ rassemblé et la communion eucharistique. Et pendant cette pandémie, nous communions à la parole de Dieu mais nous jeûnons de la présence de la communauté et du pain eucharistique.

  • Nous communions à la parole de Dieu 

Le Seigneur ne nous abandonne pas, nous avons sa Parole que nous pouvons prier, méditer, accueillir.

Alors que nous vivons ce jeûne tout à fait particulier, nous pouvons reprendre ce qui a été dit plus haut et offrir ce jeûne pour telle ou telle intention : les soignants, les malades, les personnes seules, mais aussi en lien au jeûne dans la Bible

  • Nous jeûnons de la présence physique de la communauté

Les médias diffusent une messe télévisée, les vêpres, le chapelet… Et voilà que nous communions à la prière avec tout le peuple rassemblé devant son poste de télévision, de radio ou internet pour prier ensemble. Mais, ça ne remplace pas la présence de la communauté. Le manque que nous ressentons dit quelque chose que nous ne ressentions peut-être pas avant, l’importance de l’assemblée qui prie, le besoin de se retrouver en Église, en un mot la communion au corps du Christ que nous formons tous ensemble. C’est d’ailleurs l’appel que nous a lancé le pape François après l’angélus du 15 mars dernier :

Dans cette situation de pandémie, dans laquelle nous nous trouvons à vivre plus ou moins isolés, nous sommes invités à redécouvrir et à approfondir la valeur de la communion qui unit tous les membres de l’Église. Unis au Christ, nous ne sommes jamais seuls, mais nous formons un seul Corps dont Il est la Tête. C’est une union qui se nourrit de la prière, mais aussi de la communion spirituelle avec l’Eucharistie, une pratique très recommandée lorsqu’il n’est pas possible de recevoir le Sacrement. Je dis cela pour tout le monde, surtout pour les personnes qui vivent seules.

Cette souffrance de ne pas retrouver la communauté, ce jeûne de relation directe ouvre à une forme de partage, à prendre des nouvelles des uns et des autres (courrier, tél, mail…) N’oublions pas les catéchumènes qui se préparaient à recevoir le baptême et l’eucharistie à Pâques. Il y a une réelle souffrance à vivre pour eux aussi. Jeûne, prière et partage restent donc liés !

  • Nous jeûnons du pain eucharistique

La communion spirituelle est une communion de désir. Elle repose sur la foi en la présence du Christ dans l’eucharistie. Elle est un moyen privilégié de s’unir au Christ alors que nous ne pouvons pas communier corporellement. (cf. prière pour la communion spirituelle)

 3. Et ceux qui se préparent au baptême ? à l’eucharistie ?

Alors que le carême est le temps de la préparation ultime des catéchumènes après deux ans de cheminement, temps de conversion qui prépare à Pâques, temps de purification, les catéchumènes auront aussi à vivre un jeûne sacramentel : la date du baptême est repoussée. Pour les enfants qui se préparaient à recevoir Jésus pour la première fois, la date est elle aussi repoussée en fonction des événements.

Le carême est un temps où nous portons tout particulièrement les catéchumènes dans notre prière. S’il y en a dans notre paroisse, nous vivons avec eux les scrutins, nous prions pour eux. N’hésitons pas à les rejoindre, à leur faire signe et à les porter dans la prière en ce temps d’épreuve.

4. Ce jeûne sacramentel ne touche pas que l’eucharistie.

En effet, tous les sacrements sont reportés : baptême, mariage, pénitence et réconciliation, onction des malades… tout est à l’arrêt. Le jeûne sacramentel invite à la prière pour tous.


En conclusion,

Nous sommes en carême et nous voici dépouillés sans l’avoir choisi, nous sommes donc conviés à accueillir la vie du Christ toujours présente sans nous décourager. Nous sommes aussi appelés à nous soutenir les uns les autres par la prière, le partage de nouvelles, l’intérêt porté aux autres.

Dans ce contexte particulier qui ne s’arrêtera pas avec les fêtes de Pâques, nous sommes invités à un temps de purification, un temps de conversion pour comprendre de l’intérieur et à travers le manque :

  • le don immense de l’eucharistie que le Seigneur nous a laissé comme mémorial de son amour,
  • le don de la communauté pour nous ressourcer en lien avec les autres,
  • le don de la parole de Dieu pour puiser dans l’exemple de Jésus la force de vivre l’aujourd’hui.

 

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