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Euthanasie : même lorsqu’elle est difficile, j’aime la vie
Publié le 26 mars 2021

Monseigneur Pascal Wintzer, réagissant aux propositions de loi déposées pour autoriser l’euthanasie, souligne qu’un individu ne décide jamais de ses actes seulement pour lui-même, car chacun est relié à d’autres personnes. Cette tribune est publiée dans le journal La Croix le 25 mars 2021.

Euthanasie : même lorsqu’elle est difficile, j’aime la vie

Une nouvelle fois, certains élus, des groupes philosophiques, souvent relayés par les médias qui y perçoivent un « progrès », veulent que la France ouvre un droit à l’euthanasie. Ceci est présenté comme un geste de compassion ; on pourra, enfin, « bien mourir » dans notre pays.
Cet argument est faux, il dénie le travail que font les soignants, en particulier ceux qui sont engagés dans les soins palliatifs. Ceux-ci manifestent, dans leurs pratiques, combien le soin, s’il est technique, est aussi, nécessairement, fait de parole, de délicatesse du toucher, de bien-être. Bien entendu, il ne s’agit pas d’employer des moyens disproportionnés pour entretenir une vie qui approche naturellement de son terme. Mourir, même accompagné, c’est tout de même mourir.

La pandémie, comme toute crise, est révélatrice de nos dysfonctionnements collectifs, lorsque l’on pose cette calamiteuse distinction entre les biens essentiels et ceux qui ne le seraient pas. Même si des impératifs sanitaires contraignent des suspensions de libertés et d’activités, en particulier celles qui concernent les biens symboliques, qui vont du repas partagé, d’un spectacle vivant à des rites religieux, aucun de ces biens n’est accessoire, ils sont ce qui fait le prix de la vie, tout comme de faire ses courses, ils nous sont tous essentiels. C’est de ceux-ci aussi dont nous avons besoin jusqu’au terme de la vie, et non d’une injection.

Je tiens que, aujourd’hui, dans le contexte de ce que permet la Loi Claeys-Léonetti, la demande d’une nouvelle loi sur l’euthanasie ne relève pas d’un manque législatif, de conditions inhumaines de la mort, mais d’une position philosophique. Celle-ci est estimable, à la mesure où elle se revendique comme telle et ne cherche pas à se justifier par un besoin pratique. Si celui-ci existe, il consiste à développer la culture et les pratiques palliatives ; mais il en coûte moins de poser un acte délibéré et définitif que de former et de financer davantage de personnes dédiées à l’accompagnement des personnes en fin de vie.
Mon propos, celui d’un évêque, d’un catholique, est bien entendu philosophique, religieux, je le reconnais, mais il vient alors interroger ces courants philosophiques pour lesquels chaque être humain doit pouvoir décider de tout et partie de son existence, de sa mort, mais aussi des manières dont il peut non pas transmettre mais donner, voire « produire » la vie ; ce sont les mêmes qui sont tenants de l’euthanasie que des pratiques de procréation assistée, de la PMA à la GPA.

Libertés et limites

L’enjeu fondamental est alors celui de la liberté ; je ne peux la concevoir en dehors des relations sans lesquelles nous n’existons pas. Qui dit relations, dit aussi limites : l’individu qui ne conçoit d’autre dieu que lui-même risque de se priver de ce qui fait le prix comme la douleur de la vie, ces liens, heureux, douloureux, difficiles, décevants parfois, par lesquels nous accédons à plus d’être, plus de vie.

Chacun peut, bien entendu, ne pas adhérer à une religion, ne pas reconnaître d’existence personnelle aux dieux et même percevoir les religions comme des béquilles illusoires qui dispensent d’affronter la vie avec courage. Pourtant, chacun ne peut vivre sans « croire », sans engager sa vie en fonction de principes, de valeurs, surtout de personnes avec lesquelles, pour lesquelles, il pourra un jour être conduit à vivre des renoncements, voire l’ultime sacrifice.
Ainsi de la vie, ainsi de la mort ; lorsqu’elle survient, c’est bien de la même chose dont nous aurons besoin, ces présences, qui peuvent être aussi techniques, professionnelles, qui auront donné goût aux jours de notre existence. Même ces jours-là, ces heures-là, peuvent conserver du goût, à la mesure où j’aurais appris que c’est grâce aux autres que j’aime la vie.

N’attendons pas, apprenons dès maintenant à nous manifester de l’attention, de la reconnaissance, de la gratitude. C’est ainsi que nous continuerons à aimer la vie, jusqu’au bout.

Mgr Pascal Wintzer,
Archevêque de Poitiers

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