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Des vies parallèles
Publié le 6 décembre 2021

Après avoir vu Madres paralelas de Pedro Almodovar, Mgr Pascal Wintzer vous propose son regard sur ce film.

 

Les grands artistes sont des hommes et des femmes qui ont trouvé leur style, ainsi les metteurs en scène de cinéma. Pedro Almodovar décline depuis de nombreux films des thèmes, souvent proches, mais surtout exprimés dans un style immédiatement reconnaissable. Ceux qui l’apprécient aiment alors à le retrouver ainsi que ce style qui le caractérise. La musique d’Alberto Iglesias, des génériques découpés et rythmés, une lumière et des couleurs qui jouent des tons pastel et francs, et le choix d’acteurs, et surtout d’actrices qui incarnent à merveille ses passions, ses rêves, ses fantasmes. Madres paralelas ne déroge pas à cela, on a d’autant plus de plaisir à le savourer. Certaines images évoquent des toiles d’Edward Hopper. Penelope Cruz n’est jamais meilleure que devant la caméra d’Almodovar. Voici ce qui est promis, à quoi se reconnaît un artiste. Il a son univers, il le décline, il le travaille.

Depuis Tout sur ma mère, Almodovar a redonné des lettres de noblesse au mélodrame – d’aucuns soulignent sa parenté avec Douglas Sirk.

Dans son dernier opus, au-delà de l’accroche scénaristique, que l’on peut discuter, un échange involontaire de bébés sitôt la naissance, Almodovar pose la question de la possibilité de nouer des relations entre les personnes. Ce ne sont pas seulement les deux mères, mais tous les êtres qui semblent ne se mouvoir qu’en parallèle. Parfois ils se croisent, se frôlent, vivent des liens amoureux, mais doivent à nouveau voir leurs routes se séparer. Et ceci, jusque dans la mort. Les dernières images du film montrent une fosse commune où gisent les corps d’hommes assassinés par des phalangistes durant la guerre civile espagnole. Les corps sont disposés en deux parallèles.

Parallèle des vies des personnes, mais aussi parallèle dans la vie d’un peuple, ici l’Espagne, qui semble perpétuer, au-delà de l’apparente réconciliation qu’exprima la movida madrilène des années 1980 dont Almodovar fut un des grands acteurs, le parallèle de groupes humains séparés, comme ils le furent, alors violemment, durant la guerre civile.

Même si la vie humaine est condamnée à ces itinéraires distincts, disjoints, le parallèle peut-il offrir plus de possibilités de rencontre, de chemins communs que ne l’autoriseraient la diagonale ou la perpendiculaire. Des vies parallèles ouvrent-elles à une plus grande espérance que des Etreintes brisées ?

 

le 5 décembre 2021

+ Pascal Winter
Archevêque de Poitiers

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