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Continuons à découvrir le monde en allant au cinéma
Publié le 17 août 2024

Pendant l’été, il existe une manière de découvrir des pays étrangers, de profiter de l’air frais et de ne pas aggraver son empreinte carbone… c’est de fréquenter les salles de cinéma. Je poursuis donc ma présentation de quelques-uns des films projetés sur les écrans français durant les mois de juillet et août. A nouveau, il s’agit de deux films qui plongent dans des cultures différentes de la nôtre, et à nouveau, il s’agit de deux polars.

D’abord Highway 65. C’est un film israélien de Maya Dreifuss. L’intérêt du film réside tout autant dans son atmosphère que dans son intrigue, qui sait souten irl’attention.

Le policier est… une policière, Daphna, interprétée avec grande justesse par Tali Sharon. Le film est le portrait de cette femme qui a été mutée dans un commissariat secondaire, en province, alors qu’elle était en poste à Tel Aviv. Le film se déroule à Afula, petite ville du Nord d’Israël ; la route 65 partant d’Afula pour passer à côté du Mont Thabor puis de celui des Béatitudes (ceci sans rapport avec le film, mais pour situer les lieux dans une géographie qui nous est plus familière).

Daphna a refusé qu’une affaire soit enterrée et s’est ouverte à la presse… ce sera la province. Mais, rien n’a fait taire sa détermination, ni la relégation à l’uniforme et aux contrôles routiers, ni le tabassage dont elle est victime.

Elle va jusqu’au bout pour trouver qui a tué une ancienne reine de beauté ; elle y parviendra.

Le choix du titre et les premières images nous inscrivent dans la cinématographie américaine. Un champ de maïs, une fugitive qui court pour s’y réfugier… même si c’est la nuit, on ne peut que penser à North by Northwest d’Alfred Hitchcock (La mort aux trousses). Nous sommes bien entendu en Israël, mais tout respire le Sud profond des Etats-Unis, la Géorgie ou le Texas rural, écrasés de soleil, dans ce commissariat où rien ne fonctionne vraiment, ni la clim ni la déontologie policière.

Les frontières sont floues (ceci doit-il être souligné en Israël ?). Les protagonistes, dont notre héroïne, mélangent allégrement vie professionnelle et vie privée et affective, et pour certains, défense de la loi et protection des intérêts privés – lorsqu’un policier se voit offrir un appartement par un entrepreneur recherchant de la discrétion, on peut parler de corruption.

On connaît assez peu la cinématographie d’Israël, excepté sans doute Amos Gitaï. Highway 65 est une belle occasion de sentir quelque chose de la vie quotidienne d’un pays, qu’on ne saurait limiter aux seuls conflits territoriaux ou aux lieux saints. On pourra aussi regarder, sur les plateformes, les séries israéliennes ; plusieurs sont de grande qualité.

 

Ensuite, je recommande le film hongkongais City of darkness. Il est l’œuvre de celui dont l’OFC recommandait le précédent film, l’été dernier, Limbo, Soi Cheang.

Le film est une démonstration de mise en scène virtuose. Soi Cheang a le don de créer des décors étonnants – on l’avait constaté dans Limbo.

Il se déroule dans les années 1980, avant la rétrocession de Hong-Kong à la Chine. Un clandestin, pour fuir un chef mafieux, Mr Big, se réfugie dans le quartier de Kowloon, un lieu sans loi si ce n’est celle des triades, avec pour autre leader, Cyclone. Ce qui devait arriver arriva, la lutte des deux clans, ce qui donnera lieu à des poursuites et des combats dont le metteur en scène fait de véritables chorégraphies, au-delà de tout réalisme.

Les combats sont le sujet du film, le scénario est plutôt simple. L’action est ce qui intéresse le metteur en scène et lui donne des occasions d’exprimer son sens de l’image et du mouvement. On n’ira donc pas chercher beaucoup de psychologie ni de finesse métaphysique.

Ainsi que l’annonce son titre, nous sommes dans les ténèbres, dans tous les sens de ce mot ; je souligne avant tout les choix de mise en scène qui déclinent l’obscurité tout en ménageant des traits de couleurs et de lumières. Enfin, avant tout, c’est le décor, le quartier de Kowloon, magnifié par le réalisateur, qui est le personnage du film, cette City of darkness. Plus qu’un simple décor, c’est un véritable personnage du film, certainement son principal, manifestant que le cadre dans lequel on vit et agit modèle qui l’on est. Ceci pour souligner que le lieu où l’on vit, son habitat, sa ville, son quartier, loin d’être de seuls décors ou laissés à notre seule liberté pour les aménager façonnent nos existences.

 

+ Pascal Wintzer
Administrateur de Poitiers

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